Installée à Jouy-en-Josas dès la fin du XVIIIe siècle, la Manufacture Oberkampf, sous l’impulsion de son fondateur Christophe-Philippe Oberkampf, a révolutionné le monde du textile. Entre 1760 et 1843, elle a produit et développé des toiles imprimées qui ont rapidement gagné une grande notoriété sous le nom « Toile de Jouy ».

Pendant 83 années d’activité, la Manufacture Oberkampf a créé plus de 30 000 motifs Toile de Jouy d’une grande diversité : motifs floraux, géométriques et scènes historiées. Imprimées sur coton, ces toiles, prisées pour l’habillement et l’ameublement, ont bâti leur succès et leur renommée sur la qualité graphique, chromatique et structurelle exceptionnelle de leurs motifs.  Cette excellence était le fruit d’un processus de fabrication long et complexe, nécessitant plusieurs étapes minutieuses.

1.        La création des motifs : Christophe-Philippe Oberkampf, soucieux de l’excellence graphique de ses créations, faisait appel à des dessinateurs de renom pour la conception des motifs de ses toiles.

2.       La préparation des toiles : Après avoir été lavée, la toile brute est d’abord battue au fléau pour retirer les produits utilisés lors de son tissage. Vient ensuite le « grillage » : la toile passe sur du métal chaud afin d’enlever les petites fibres de coton en surface. Elle est de nouveau lavée et séchée, et passée dans une calandre, une machine qui la rend lisse.

3.       L’étape cruciale de l’’impression est d’abord réalisée à l’aide d’une plaque de bois, puis d’une plaque de cuivre, et plus tard, au moyen d’un rouleau de cuivre. Les ouvriers utilisent des sels métalliques appelés « mordants », qui permettent aux couleurs de se fixer sur les tissus.

4.       Pour la teinture, les toiles étaient attachées ensemble puis plongées dans un bain de colorant naturel. Elles étaient remuées pour obtenir des motifs de couleur uniforme.

5.       Le blanchiment sur l’herbe : pendant la teinture, le fond des toiles s’est légèrement coloré. Pour leur redonner leur couleur d’origine, on les étend dans les prés, puis on les arrose abondamment. Le soleil fait le reste, redonnant naturellement aux fonds des tissus leur blancheur immaculée.

6.      Le pinceautage est une étape de finition qui consiste à ajouter à la main des petits détails de couleur sur les toiles imprimées. Les couleurs, telles que le vert (obtenu par superposition de bleu et de jaune), sont appliquées au pinceau par couches successives.

7.       Le séchage : les toiles sont une nouvelle fois lavées puis suspendues le long du haut bâtiment, appelé « l’étendard » pour les faire sécher

8.       Le lissage ou de glaçage : Pour donner un aspect brillant, la toile est parfois enduite d’un produit à base de cire et d’amidon.

9.      Le pliage et l’expédition : les toiles sont enfin prêtes pour être expédiées aux clients.

A la fermeture de la Manufacture en 1843, les outils de productions sont détruits ou vendus. Les motifs, quant à eux, sont dispersés et beaucoup seront reproduits, copiés ou dénaturés dans les décennies qui suivirent. L’imaginaire collectif s’attache notamment aux scènes à personnages qui sont facilement reliée à l’héritage de la Manufacture Oberkampf, et qui suscitent aujourd’hui encore un engouement en France et à l’international.

L’histoire continue

La ville de Jouy-en-Josas crée en 1977 le Musée de la Toile de Jouy ayant pour mission de raconter l’histoire  de la Manufacture et de faire mémoire de son fondateur Christophe-Philippe Oberkampf. Les archives du Musée sont constituées d’un fonds ancien confié à la ville par les descendants d’Oberkampf et qui a été enrichi au fil du temps par des acquisitions.

En 1991, le Musée est installé dans le Château de l’Eglantine. Ses collections s’enrichissent chaque année et comprennent environ 12 000 objets patrimoniaux (textiles, costumes, arts graphiques, archives, mobilier, peintures, outils de fabrication) ainsi qu’un fonds documentaire important qui témoignent de l’histoire des toiles imprimées depuis le 18ème siècle .

Ce patrimoine emblématique suscite un intérêt largement reconnu, et la ville de Jouy-en-Josas déploie depuis quelques années une démarche de valorisation Puis la vocation du Musée s’élargit avec la protection des motifs grâce à la marque TOILE DE JOUY depuis 1760®.